📚 Frères d’enchantement – Siana ⭐⭐⭐⭐⭐
Je vous retrouve aujourd’hui pour une nouvelle chronique littéraire, toujours sur un roman que j’ai reçu de la part de l’autrice via le site Simplement : Frères d’enchantement de Siana. Ce roman était précédemment sorti avec une autre couverture (si jamais vous le croisez) mais a été republié dernièrement dans une autre maison d’édition avec la belle couverture que vous voyez ci-dessous.
Je m’appelle Ljuka. Ils m’ont oublié, ils n’auraient pas dû. Je me souviens parfaitement de leurs moqueries, de l’immonde fierté qui imprègne autant leurs actes que leurs paroles. Ils ne comprennent toujours pas, ou plutôt, ils ne veulent pas comprendre. Alors je vais les y forcer et leur prouver qu’ils ne sont pas parfaits ni tout puissants.
La révélation d’un héros sur le déclin.
Le parcours d’un homme devenu extrémiste.
De fraternité à rivalité…
Mon avis sur « Frères d’enchantements » de Siana
Frères d’enchantement, c’est avant tout l’histoire d’une belle amitié d’enfance qui n’a malheureusement pas réussi à survivre aux années. Dans ce roman, nous suivons en effet Ensio et Ljuka, amis d’enfance que la vie a séparé de manière tragique. L’histoire commence sur les chapeaux de roues avec Ljuka en train de commettre un attentat à l’aide d’animaux mécaniques animés par la pensée. Ensio, milicien héroïque et ancien ami de Ljuka va tout faire pour l’arrêter et épargner des vies. Il va alors commettre l’irréparable en tuant ce dernier, bien qu’en légitime défense.
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Malheureusement, la suite ne va pas se passer facilement puisque Ensio et Ljuka partageaient un lien télépathique interdit, et ce depuis l’enfance. Bien qu’ils ne se parlaient plus, ce lien secret existait toujours. Et le couper avec la mort de Ljuka engendrera de grandes conséquences sur Ensio, qui va grosso modo vriller.
Je fis tout ça sans même une pensée. Comme si j’étais moi-même déchargé. Depuis l’accident, je n’arrivais plus à ressentir quoi que ce soit de positif, en dehors des pensées qu’Ensio tentait de m’envoyer. Et même celles-ci s’avéraient éphémères, disparaissant sous mon amertume. J’avais l’impression d’être devenu un pantin, ou un automate de Mécanistes. J’avançais, je mangeais, je parlais, mais tout à l’intérieur de moi était vide.
La suite du roman va être une narration alternée intéressante. Nous suivrons alors Ljuka dans le passé, du début de son amitié avec Ensio jusqu’à la mise en plan de l’attentat. Parallèlement, nous vivons au présent avec Ensio, qui va chercher par tous les moyens à se débarrasser de ce lien rompu qui le ronge petit à petit et l’amener au bord de la déchéance.
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J’ai trouvé cette alternance vraiment intéressante car j’ai pu comprendre comment s’était construite l’amitié entre Ensio et Ljuka, d’où leur venait cette idée de se lier l’un à l’autre, et surtout pourquoi l’amitié entre eux s’était distendue jusqu’à se rompre. Comment ils en sont arriver à se détester et les raisons qui ont poussé Ljuka à commettre ce fameux attentas contre les institutions de la cité. D’un autre côté, on peut suivre la descente aux enfers d’Ensio et surtout voir son évolution psychologique au fil des chapitres.
Point de vue personnages, j’avoue que mes sentiments ont largement évolué avec l’avancement du roman. Au début, je n’ai vraiment pas aimé Ensio, qui se prend pour le héros de la cité, qui se croit mieux que les autres. Ce sentiment s’est accentué quand j’ai suivi son adolescence, avec son arrogance et son hostilité envers les classes inférieures (les Mécanistes par exemple, qui fabriquent). Et au final, j’ai fini par éprouver de l’empathie pour lui à mesure que sa vie se détruit. Il va essayer de se racheter pour le mal qu’il a fait, de chercher un moyen de retourner en arrière. Cela me l’a rendu plus humain et bien plus intéressant.
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En parallèle, j’ai eu de la pitié et de l’amitié pour Ljuka dès le début. C’était un petit garçon sensible et incompris, qui a perdu ses parents lors d’un accident (ils travaillaient en laboratoire sur des êtres vivants). Le jeune Ljuka est alors devenu incapable de s’entrainer sur le vivant et va vite être moqué et descendu par ses « compagnons ». Il se sent trahi et va au fil des années se tourner vers l’extrémisme pour pouvoir faire passer ses idées.
Il était facile pour les Maîtres de prétendre que telle ou telle recherche s’avérait très importante, voire capitale pour la survie de la population. Ce qui leur permettait aussi de s’octroyer les meilleurs revenus. De se sentir supérieurs ! Et ils en tiraient leur fierté ! Ils se pavanaient dans leurs capes immaculées ! […] Les Mécanistes, les artisans-commerçants et les Initiateurs faisaient bien plus prospérer la ville que les Maîtres. Ils lui apportaient de la matière, de quoi vivre. Avec les transporteurs, la construction, les cultures, les élevages. Et qui se serait passé du commerce ? Quand les recherches des Maîtres n’apportaient qu’un plus haut niveau d’intellect et une meilleure manipulation des vibrations.
Sincèrement, j’ai beaucoup aimé le travail qu’a fait l’autrice sur ses personnages. La manière dont elle va les décrire, les faire évoluer vers quelque chose de meilleur ou non. Moi qui aime pouvoir m’attacher aux personnages, les suivre de près, j’étais servie !
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D’ailleurs, l’autrice décrit son univers comme steampunk et je dois dire que je suis plutôt d’accord. C’est un univers riche et original, qui possède une science assez avancée mais aussi des machines mécaniques qui me font vraiment penser au genre steampunk par moment. On a un monde divisé en différentes classes (Maitres, Mécanistes, Initiateurs…) avec les premiers qui seront supérieurs aux autres et les écraser, les mépriser. La science ici repose sur les vibrations que possèdent chaque être (humain ou animal) ou plante. Même le temps et la planète ont une vibration propre. En travaillant sur ces vibrations et en utilisant de la rhod (roche « magique »), il sera possible d’animer des mécanismes, de contrôler des gens ou encore de remonter le temps !
Quant à la fin du roman, il est vrai que c’est toujours un élément qui passe ou qui casse avec moi. Je suis souvent déçue mais ici non. L’autrice a fait le choix de résoudre l’histoire d’une manière complètement inattendue et qui fonctionne. Alors que cela aurait facilement pu partir dans tous les sens, ici tout est juste. Je sais, c’est vague ce que je dis mais ce serait dommage que je vous dévoile tout.
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Vous l’avez compris, ce roman était une très belle découverte, avec comme gros point fort le travail des personnages ! Avec un univers entre la fantasy et la science-fiction, des thèmes abordés intéressants (amitié, erreurs, pardon, dérives de la science, différences sociales), ce livre a tout pour plaire. Et d’ailleurs, si un autre avis vous intéresse, n’hésitez pas à passer lire les chroniques de Light and Smell et Le coin d’Audrey.
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